Article – Pôle Care, Protocole de Prise en Charge
TW : HARCÈLEMENT, AGRESSIONS
Suite aux discussions entre 2020 et 2021, concernant les situations de harcèlement et d’agressions sexuelles, l’association Fauchage Collectif choisit de mettre en place un pôle care et un protocole de prise en charge pour les victimes et les agresseur.e.s.
Pôle care™
“Care” de l’anglais : soin, responsabilité, prise en charge, assistance, soutien
Le pôle care est constitué de plusieurs référent.e.s care.
La mission des référent.e.s care est d’être éveillé.e et alerte sur les situations de harcèlements et d’agressions. Iels peuvent être amené.e.s à agir dans le collectif, aux soirées organisées ou autres moments associatifs (before, after, hébergement d’artiste…).
Læ responsable care est la personne qui coordonne les référent.e.s care. Iel fait partie du bureau. Iel informe le reste du bureau des situations connues, si la victime a donné son accord.
Læ responsable care est élu.e lors des renouvellements de mandats du bureau. Comme pour chaque membre du bureau, de nouvelles élections peuvent être immédiatement mises en place si la majorité des membres de l’association en font expressément la demande. Pour rappel, la majorité choisie par le collectif est de 70%.
Protocole de prise en charge
Le protocole de prise en charge s’établit en deux étapes : une 1ère étape d’écoute(s) et d’information(s), générale à tous les cas, puis une éventuelle 2ème étape d’action(s), au cas par cas.
Tout ce qui va suivre se fait avec l’accord de la victime, iel a le droit de choisir la manière dont iel veut nous raconter les choses.
Iel peut aussi changer d’avis, prendre du temps ou du recul ; c’est iel qui choisit le rythme avec lequel iel veut avancer, nous læ suivons.
1ère étape : écoute(s) et information(s)
Écoute
Évidemment, la première chose que l’on peut proposer c’est d’écouter la victime.
La réception d’un témoignage peut se faire par le formulaire mis en place, via une personne relai de l’entourage de la victime, par un contact direct de la victime vers le collectif…
Si la victime le souhaite, l’anonymat peut être mis en place. Cela peut se faire par exemple avec l’utilisation d’un pseudonyme lors d’échanges écrits, via une personne relai de l’entourage…
Il y a différents moyens d’écouter la victime :
- à l’oral sur Discord, avec 1 ou 2 référent.e.s care choisi.e.s de l’association.
- à l’écrit par le biais d’une lettre. De la même manière, 1 ou 2 référent.e.s care seront choisi.e.s dans le collectif. Ce seront eux qui seront en lien avec la victime.
- autres méthodes, au choix de la victime.
La liste des référent.e.s care de l’association sera transmise afin que la victime puisse choisir 1 ou 2 personnes de son choix.
Informations
Dans un second temps, si la victime le souhaite, le pôle care transmet les connaissances qu’iels a sur le sujet. En particulier, sur les formes de justice possible (traditionnelle et/ou réparatrice).
Si la victime le souhaite, le pôle care transmet la fiche contact des personnes relais professionnelles connues par le collectif (avocat.e.s, psychothérapeutes, associations, groupes de paroles…).
Si la victime le souhaite, le pôle care pourra lui proposer des idées de réparations à mettre en place avec son entourage. Par exemple : anticiper le partage de l’espace entre la victime et l’agresseur, ne plus avoir de contacts, prévenir des triggers potentiels…
Call in / Call out ?
“Le call out, c’est dénoncer publiquement les propos ou le comportement d’une personne.
Le call in consiste à lui écrire en privé pour lui expliquer le plus calmement possible ce qui, selon nous, ne va pas dans ses propos ou dans son comportement.”
Ceci s’élargit dans les situations de harcèlement ou d’agression sexuelle.
Si on en a l’envie et l’énergie, on peut confronter sa.on agresseur.euse pour lui expliquer son tort et lui demander réparation, cela se fait en privé. C’est un call in.
Cela peut se faire soi-même, en tant que victime.
Cela peut se faire par l’intermédiaire d’une personne relai.
Cela peut se faire en médiation avec une personne tierce.
Si l’agresseur.euse ne répond pas à la confrontation en ne reconnaissant pas son tort, en le minimisant ou en refusant d’appliquer ce que la victime demande, c’est là que peut intervenir le call out. Ceci consiste à déclarer qu’une personne ou une entité est dangereuse. Il s’agit d’un moyen de prévention des personnes ayant une proximité avec l’agresseur.euse. Il peut être considéré comme un moyen de dernière mesure.
À notre échelle associative, nous préférons suggérer l’idée du call-in. Nous ne ferons pas de call-out en tant qu’association. En revanche, nous respectons la démarche de la victime, si iel souhaite le faire dans une optique de réparation.
En résumé
La place pour la parole doit toujours exister, et nous tenons à l’accueillir lorsque cela est nécessaire. Nous ferons notre maximum pour accompagner les victimes dans leurs demandes personnelles.
Nous pouvons proposer plusieurs alternatives selon les cas et conseiller des relais lorsque cela est nécessaire.
N’étant pas une instance de justice, nous ne pourrons pas la rendre directement.
À l’échelle de notre association, nous nous référerons à cet article dans nos statuts.
Nous ne souhaitons pas devenir un collectif de gestion des conflits. Si la victime et/ou l’agresseur.euse ne font pas partie de notre collectif, notre champ d’action relève uniquement de l’écoute et de l’information.
Si un.e membre du collectif est impliqué.e, une série d’actions peut être déclenchée.
2ème étape : action, au cas par cas
Personnes relais
Au-delà de l’accompagnement de groupe que l’association peut proposer, nous trouvons intéressant qu’un accompagnement à échelle individuelle puisse être mis en place. Il s’agit des personnes relais.
Ceci se met en place avec l’accord de la personne concerné.e de toute évidence.
A priori, les personnes relais sont des personnes proches de læ personne concerné.e, choisie.s par affinités. Iels l’accompagneront dans sa réparation (victime) ou dans sa remise en question (aggresseur.euse).
Ces personnes sont là pour veiller à ne pas recréer de la violence sur la personne qu’iel accompagne. Iel peut choisir de reformuler des phrases ou de temporiser des informations selon l’état émotionnel de la personne concerné.e.
Si l’agresseur.euse a pris conscience que sa consommation de substances peut amener à des comportements problématiques, la personne relai peut l’accompagner.
La personne relai peut être un.e intermédiaire pour dialoguer dans le cas d’une communication inter-collectif par exemple.
Si la victime formule le besoin qu’il y ait des personnes relais pour échanger, l’agresseur.e doit s’en voir attribuer un.
Si la personne concerné.e (victime ou agresseur.e) fait partie de l’association, nous cherchons cette personne relai entre l’association et l’entourage.
Si la personne concerné.e (victime ou agresseur.e) ne fait pas partie de l’association, nous suggérons l’idée d’une personne relais de son entourage.
Réunion d’actions
N’importe quel.le référent.e care peut initier une réunion d’actions avec l’accord de la victime.
Cette réunion permet de discuter et de voter des actions possibles pour accompagner la victime dans sa réparation et l’agresseur.e dans sa remise en question.
Cette réunion se fait avec le bureau et l’ensemble du pôle care.
Cette réunion ne se fait pas avec tous les membres de l’association, car, a priori, si un membre souhaite être actif.ve sur ces sujets, il fait partie du pôle care.
Si une personne du bureau ou du pôle care est impliqué.e dans la situation de harcèlement ou d’agression, iel n’est pas conviée à la réunion d’actions.
! Cet article n’est pas fini et est encore en cours d’élaboration !
En résumé
Nous n’avons aucunement la prétention de proposer une gestion-type des situations de harcèlement ou d’agression sexuelle.
Nous avons pu constater quelques approches qui ont l’air de fonctionner à notre échelle :
- la mise en place de personne relais
- la réunion d’actions
Nous sommes encore en débat sur
- les modalités d’exclusion et de radiation
- le partage de l’espace
Nous souhaitons pouvoir échanger régulièrement sur ces sujets. Toutes remarques sont les bienvenues. Nous croyons en la construction collaborative de cet article.